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Parce que nous pensons que ces thèmes méritent un engagement, un traitement, une expertise professionnelle : lire notre « profession de foi ».

Parce que nous pensons aussi que les grandes thématiques de la RSE, ESG, ESS, ISR forment un tout et ne peuvent être traitées isolément : lire l’interview du fondateur Pierre Sidem.

Et pour un peu de mise en perspective, lire notre premier éditorial.

Bonne lecture. N’hésitez pas à nous contacter et à bientôt sur RSEDATANEWS !

Pierre

RSEDATANEWS se lance

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A très bientôt

Pierre

[edit 10/04/2017 : www.rsedatanews.net est maintenant « live » ! ]

Au revoir … et à bientôt

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Chers Tous,

C’est après huit années passionnantes comme Co-Fondateur et Directeur Général de CFNEWS, que je vous annonce mon départ au 8 janvier 2016. Concepteur de la base de données dès 2007, je laisse derrière moi un outil apprécié de la profession et qui est devenu une référence.

Ce message est l’occasion de vous remercier de la qualité de nos divers échanges et travaux menés en commun durant ces années. C’est avec plaisir que je retrouverai peut-être certains d’entre vous dans mes projets futurs. Aux autres, je souhaite plein succès dans leurs propres projets.

Je serai toujours heureux d’avoir de vos nouvelles, via LinkedIn, ou directement.

Avec tous mes voeux de réussite et de bonheur pour cette nouvelle année 2016,

Bien sincèrement,

Pierre

Petite nouvelle estivale

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Ce texte a été primé lors du concours d’écriture « Plumes de Neuilly » en 2016.


Une petite nouvelle estivale, imaginée à partir d’un sujet de français de mes enfants : « A partir de votre expérience personnelle et de la lecture d’articles récents, imaginez une journée ou vous vous gâchez l’existence. »

Je suis l’hologramme de Monsieur P. Je n’existe pas vraiment, mais je suis chargé de l’observer partout et tout le temps, afin que soient consignés les détails de son existence dans les archives numériques universelles.

Je n’existe pas vraiment, mais en tant qu’hologramme je vois ce qu’il voit, pense ce qu’il pense, et ressens ce qu’il ressent. En tant qu’hologramme, je suis lui, numériquement, avec le léger temps de latence nécessaire à l’encodage numérique de l’archive de sa vie.

En vous racontant cela ce n’est pas moi, l’hologramme, qui raconte ce récit avec le recul que cela implique, Je ne fais que transcrire. C’est lui, Monsieur P., qui sachant la tâche dont je suis continûment chargé, ne cesse d’y penser. D’ailleurs, il se gâche la vie avec ça. A chaque fois qu’il va aux toilettes, il est persuadé que j’y suis avec lui. D’ailleurs, il vient de se lever et a grand besoin d’y aller. Mais il pense à moi, son hologramme enregistreur, et visiblement, ca le bloque. De dépit, il avale deux verres de jus d’orange – il pense à ce moment qu’il aurait dû allumer la bouilloire avant de se verser le jus d’orange, il aurait gagné une minute ou deux sur la préparation de son indispensable thé matinal. Ca l’agace a nouveau, car il y pense tous les matins trop tard. Et de surcroît, sachant que je consigne son agacement, il s’énerve. Bref, dit-il à voix haute (ce que j’enregistre aussitôt).

Il monte réveiller ses enfants, et se dit en dans l’escalier qu’il aurait dû sortir leurs bols avant. Ca l’agace a nouveau, car il y pense tous les matins trop tard. Et de surcroît, sachant que je consigne son agacement, il s’énerve. Bref, dit-il à voix haute (ce que j’enregistre aussitôt).

En les habillant il cherche les chaussettes du plus petit (il a quatre enfants). Naturellement, il confond celles des grands et des petits. Ca l’agace car il se dit qu’il aurait dû préparer leurs vêtements la veille au soir. Ca l’agace a nouveau, car il y pense tous les matins trop tard. Et de surcroît, sachant que je consigne son agacement, il s’énerve. Bref, dit-il à voix haute (ce que j’enregistre aussitôt).

Bref, dit Monsieur P. à plusieurs reprises en poursuivant cette satanée routine du matin (petit déjeuner des petits, petit déjeuner renfrogné des grands, carnets à signer à la dernière minute, enfin bref, passer l’éponge sur la table, emmener les petits à l’école, revenir, redescendre chercher le courrier). Je ne le quitte pas d’une semelle. A l’école il y a quelques hologrammes sympa d’autres parents, mais une rapide requête dans leurs bases de données montre que 97,4% d’entre eux font également la g… le matin – contrairement aux affirmations de son ex-compagne qui persistait à prétendre que tous les parents sont contents de déposer les enfants à l’école, et qui avait d’ailleurs prétexté pour plaquer Monsieur P. pour quelqu’un qui, lui, adorait emmener les enfants à l’école ainsi que les matches de foot.

De retour chez lui après la tournée de l’école, le pire le matin, se dit Monsieur P. en rangeant la table du petit déjeuner, c’est la fille brune sur la boîte de céréales (des Spécial K). D’abord on ne voit pas très bien ce que ces céréales ont de spécial (ce que j’enregistre aussitôt), et en plus cette brunette qui illustre la boîte, c’est toujours la même depuis des années avec son maillot de bain rouge en plein hiver et son sourire pepsodent, et c’est énervant car le matin au petit déjeuner, on ne peut pas s’empêcher de fixer stupidement la boîte de céréales. Sachant que je consigne cette réflexion, il s’énerve. Bref, dit-il à voix haute (ce que j’enregistre aussitôt).

Monsieur P. médite ensuite quelques minutes, ce qui à cette heure-ci est tout à fait inhabituel. Mon logiciel holographique taggue automatiquement cet événement comme tel, ce qui est agaçant car je dépense quelques millisecondes supplémentaires pour ce faire. Ensuite je perds le fil de mes observations – en effet Monsieur P. parvient à vider complètement son esprit, y compris de la pensée qu’il sait que je vais consigner cette vacuité. Mijoterait-il quelque chose ? Serait-ce une nouvelle technique pour échapper à nos observations holographiques ?

Il descend par l’ascenseur au garage, prendre sa moto. Pour une fois il n’a pas oublié le bip de la porte du garage – et se réjouit de ce que je vais consigner l’événement (automatiquement taggué comme tel par mes routines automatiques). Il met son casque, démarre sa moto et – puisque ma raison d’être est de le suivre partout – je n’ai que le temps d’enfourcher la selle passager.

C’est énervant cette moto, ca ne facilite pas mon boulot d’hologramme. En plus, j’ai froid, en cette saison. Et puis son casque, ca ne facilite pas la lecture de ce qu’il ressent. Il me semble ce matin pourtant détecter une pointe de jubilation, sentiment assez rare chez Monsieur P. et totalement incongru de sa part à cette heure de la journée. Et curieusement il ne prend pas le chemin habituel pour aller à son bureau près de la Madeleine (ce que j’enregistre aussitôt) et se dirige en sens opposé, vers la rue du Pont. De ce fait plusieurs alarmes s’allument dans mes systèmes, ce qui est très contrariant même pour un hologramme. J’active la sub-routine de cartographie pour examiner ce qui se trouve d’intéressant pour Monsieur P. rue du Pont, voyons, en hologramme bien programmé je commence par le numéro 1 de ladite rue, et au numéro 34 se trouve, voyons, oui c’est bien cela, le commissariat de police… devant lequel Monsieur P. vient de freiner de façon tout à fait délibérée (ce que j’enregistre aussitôt). Le planton se précipite vers …, non, en fait c’est à moi qu’il s’adresse, et comme je ne peux lui répondre, il m’embarque pour défaut de port du casque et, faute de papiers d’identité, me flanque en cellule ! Ma journée est fichue – ce que j’enregistre aussitôt – je risque l’expulsion, et Monsieur P. débarrassé de son hologramme par la méditation jubile. C’est énervant de penser que c’est exactement ce qu’il soit être en train de se dire (ce que j’enregistre aussitôt). Bref !

(texte écrit en novembre 2012).

La fin d’Internet ou l’échec d’une utopie collective?

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Internet fête ses 30 ans. En trois décennies la Toile est devenue aussi indispensable (voire davantage pour les plus jeunes) que l’eau, l’électricité ou le gaz. Dans les années 2000, le développement fulgurant du web à l’échelle planétaire s’est appuyé sur une utopie fondatrice : gratuité, égalité, collaboration. Un bel élan collectif qui déjà portait en germe les quatre facteurs de son propre cancer : marchandisation, cartellisation, discrimination et confidentialité.

Cartellisation tout d’abord. Même si l’architecture originelle initiée par la Défense américaine d’un réseau « décentralisé » – c’est à dire invulnérable à la disparition d’un de ses noeuds – persiste, c’est en fait un projet universitaire collectif qui émerge dans les années 80, encourageant la propagation des connaissances autour d’une idéologie libertaire. Pas tout à fait quand même puisque :

  • le contrôle de certaines fonctions centrales du réseau (comme l’attribution des noms de domaine) reste d’obédience américaine,
  • les fournisseurs des tuyaux télécom qui « maillent » la planète ne sont pas si nombreux et imposent des points de passage géographiques très concentrés,
  • enfin parce que quelques fournisseurs de services web captent la plus grande partie du trafic mondial : requêtes de recherche, vidéos, réseaux sociaux, applications mobiles… tout en imposant leurs conditions d’utilisation.

Discrimination ensuite.  Le débat n’est pas nouveau mais il semble maintenant perdu d’avance : ceux qui paieront plus cher seront assis en première classe, les autre seront entassés dernière : moins de bande passante, moins de services ou de fonctionnalités. Quand à ceux qui n’ont pas accès ou qui ne « savent » pas, ce sera l’exclusion – ou la résistance – y compris dans les rapports avec les fonctions régaliennes de l’Etat. Une décision récente de la FAA (le régulateur américain des télécom) vient de l’entériner, cédant aux pressions des fournisseurs d’accès internet sur quelques fournisseurs de contenus qui consomment l’essentiel de la bande passante planétaire comme YouTube ou Netflix. Et il est peu probable que l’Europe entre en résistance face aux géants américains et à l’attrait du divertissement de masse que Netflix s’apprête à diffuser depuis… le havre fiscal luxembourgeois.

Marchandisation : même si les grands acteurs mondiaux ont pour la plupart moins de 15 ans (eh oui, Google, Amazon Web Services, l’iPhone, Facebook n’ont pas vingt ans),  même si d’autres n’ont rien vu venir et ont quasiment disparu (Nokia, Sony, IBM …), ce sont avant tout des marchands. Marchands de bande passante pour les fournisseurs télécom. Marchands de données personnelles pour les fournisseurs de services, les moteurs de recherche, ou les éditeurs d’applications. Marchands tout court pour les e-commerçants. Manipulateurs dans tous les cas : avis clients bidons sur Trip Advisor, trolls dans les forums de consommateurs, faux amis Facebook ; voire escrocs : phishing, scams, spam, hoaxes… Impossible d’instaurer un contrôle car personne ne veut d’une police centralisée, et un contrôle efficace par ses pairs suppose un degré de confiance… non marchand.

Confidentialité enfin : inutile de rappeler le scandale Snowden et la faille Heartbleed. L’un sur la surveillance mondiale par la NSA (et d’autres), l’autre sur le SSL, principal protocole de sécurisation des échanges sur la toile. La semaine dernière, ce sont les éditeurs de TrueCrypt qui jetaient mystérieusement l’éponge. Dans tous les cas, la confiance des internautes-citoyens est perdue et ne se retrouvera jamais :

  • vis à vis des gouvernements intrusifs et des régulateurs impuissants
  • vis à vis des fournisseurs de services qui sont complices plus ou moins passifs
  • vis à vis des fournisseurs d’accès qui… vont nous faire payer plus cher sans apporter aucune garantie nouvelle de confidentialité

Alors, Internet, c’est fichu ? Que faire ?

  • S’en passer ? Il me semble exclu de convaincre ma fille de 17 ans qu’on peut « vivre sans ».
  • Entrer en résistance ? Trop tard, trop surveillé, trop risqué… ce serait retourner s’installer au Larzac.
  • Se coaliser ?  C’est là qu’est le vrai enjeu. De même que la révolution énergétique engendre une « relocalisation » de la consommation et du contrat social de « frugalité » qui va avec, internet doit se révolutionner. Plus exactement, ses utilisateurs se doivent à eux-mêmes de « réviser » – au sens de l’honnête homme du siècle des Lumières – leurs usages que les gouvernements et les marchands ont proposé plus vite que la société – tant à l’échelle locale que planétaire – ne pouvait les absorber.

Il y a 30 ans l’historien Francis Fukuyama prédisait avec la chute des dictatures militaires et du mur de Berlin la « fin de l’Histoire », en avançant que seule la démocratie libérale satisfait le désir de reconnaissance. Internet a 30 ans, gageons que l’histoire de la Toile ne fait que commencer. 

Retrouvez également ces chroniques sur www.cfnews.net/Le-Mag/Chroniques-techno-art-de-vivre

 

Pourquoi il faut faire émerger un Cloud européen

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Temps couvert pour le « cloud » français. Pendant que notre président normal s’extasiait en février dernier auprès d’entrepreneurs français de la Silicon Valley, que notre CNIL nationale décidait sans discernement l’affichage d’avertissements sur le moindre blog qui compilerait comme celui-ci quelques statistiques de consultation, et que la NSA se moque des frontières et des citoyens, deux projets concurrents de « cloud computing » français continuent trop discrètement de se tirer dans les pattes : Cloudwatt (porté par Orange et Thalès) et Numergy (poussé par SFR et Bull). Issus d’un appel à projet de l’Etat afin de créer un « cloud souverain », ces deux consortiums comptent comme actionnaires la Caisse des Dépôts.

Or ces projets sont deux facteurs cruciaux de souveraineté et de compétitivité pour la France et pour l’Europe.

Pour ceux qui n’ont pas tout suivi depuis le début mais un peu quand même, le cloud computing, c’est la migration dans un « nuage » de serveurs distants de tout un tas de services jusqu’ici souvent hébergés localement par les entreprises. Il s’agit de déporter les ordinateurs eux-mêmes, mais aussi les applications (messageries, stockage, bureautique, web, bases de données, voire logiciels métier) chez des prestataires généralement de nationalité américaine, souvent avec une couverture mondiale, comme par exemple AWS (Amazon). Apparemment, que des avantages : redondance, flexibilité des capacités, variabilisation des coûts, sous réserve de passer par une connexion au web pour y accéder – on y reviendra.

Mais l’affaire Snowden des écoutes de la NSA (qui – on se rappelle d’Echelon – n’est pourtant pas une nouveauté) a introduit une crise de confiance pour les acteurs de l’économie numérique et plus encore pour leurs clients, qui craignent non seulement pour la sécurité de leurs transactions, mais aussi pour la confidentialité des services qu’ils utilisent : le cloud, c’est avant tout du service comme Gmail (qui est lu par Google), Maps (qui vous géolocalise), les suites bureautique de Microsoft ou de Google, les agendas partagés, les réseaux sociaux, l’hébergement de sites web …

L’affaire Snowden révèle que non seulement les données confiées au cloud sont espionnées ou espionnables, mais aussi les connexions pour y être relié, ce plus ou moins légalement grâce aux lois américaines. qui ont suivi le 11 septembre 2001. On objectera que pour ne pas être espionné, il suffit de ne pas utiliser ces services, ce qui n’est pas l’objet de ce billet. L’enjeu, c’est la question de souveraineté et de compétitivité que cela pose.

Souveraineté, car l’accord franco-allemand pour un internet européen reste… des paroles en l’air, sans aucune crédibilité puisque le conseil général de Bretagne vient par exemple de choisir les services cloud… d’Amazon ! Une plateforme souveraine est cruciale pour développer les services de l’Etat (gestion, dématérialisation et simplification administrative, open data), via :

  • des procédures d’appels d’offres ad-hoc
  • un guichet unique d’achat d’hébergement ou de stockage
  • un répertoire centralisé et ouvert des éditeurs d’application et de services

Compétitivité, car la seule carte à jouer est celle du service, et plus exactement celle des spécificités européennes en matière de services. Numergy et Cloudwatt annoncent chacun un objectif de 500 millions d’euros de chiffres d’affaires d’ici 2016-2017. Pour y parvenir, jouer uniquement sur l’épouvantail des grandes oreilles anglo-saxonnes et sur la fibre nationale risque de ne pas suffire. Enfin, tenter de casser les prix risque d’être difficile face aux mastodontes américains (qui viennent d’ailleurs de le faire).

Prix des services cloud de Google en mars 2014
Prix des services cloud de Google en mars 2014

C’est de créer un véritable écosystème d’entreprises de services basées sur le Cloud souverain qu’il s’agit.

D’abord, ceux dont les entreprises ont besoin et surtout ceux de taille moyenne qui n’ont pas les moyens d’internaliser des fonctions entières : ERPs, services bancaires, paie, …

Aussi, ceux aux particuliers : si beaucoup de consommateurs sont prêts à payer 5€ de plus par mois pour bénéficier de la 4G, ne seraient-ils pas  nombreux à payer 1 ou 2€ de plus par mois pour disposer d’une messagerie et d’un package de services de type dropbox, chat,  suite bureautique,  jeux, domotique, sécurité, santé, éducation… Le potentiel pour un écosystème d’éditeurs est sans limite pour un réservoir de clients aussi nombreux que les américains – tout cela sur le socle d’une confiance restaurée.  Espérons que le gouvernement remanié cette semaine signe pour ce vrai projet, et signe vite !

PME-ETI : pourquoi il faut un choc de flexibilité

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Une mauvaise évaluation n’a jamais corrigé une mauvaise performance : l’affirmation selon laquelle “l’Etat, seul coupable qui tue l’initiative et s’acharne fiscalement sur les entrepreneurs, principaux créateurs de croissance et d’emploi” mérite critique. L’Etat n’est pas la cause de tous les maux qui frappent les entrepreneurs français, qui bénéficient tout de même d’un environnement assez protecteur et d’aides publiques somme toute généreuses. Je rencontre chaque semaine des entrepreneurs, des vrais, qui développent leurs idées, et qui gardent une mentalité constructive : les charges, la complexité administrative sont des paramètres d’environnement et non des freins rédhibitoires. N’en déplaise à mon estimé camarade Diogène, n’y aurait-il pas un peu de facilité dans ce “bashing” répété d’un Etat incapable de réformes ? Le vrai coupable n’est peut-être pas là.

Prenons un exemple. J’entendais soliloquer un entrepreneur récemment (notre “coloc”, dans la pièce d’à côté). “J’ai une boite de 15 personnes, je fais un gros million de CA, je suis rentable sur mon marché A qui représente 80% de mes revenus”, constatait-il. Et de poursuivre “j’ai identifié le marché B, j’ai prototypé – avec l’aide de l’Etat qui m’a versé 50.000 de crédit d’impôt recherche – et fait mes études de marché, maintenant, faut y aller :  pour démarrer il me faut 2 gars pour produire et 1 commerciale pour vendre, faut que j’embauche”. Après une ou deux minutes de silence, il reprit son monologue : “Bon, normalement, 3 salaires chargés, c’est pas le problème, mes vrais problèmes c’est : a) d’abord j’ai pas la place de les installer, et b) si ce marché B ne décolle pas tout de suite qu’est ce que j’en fais de mes 3 collaborateurs, je ne vais pas les virer après tous ces efforts de recrutement et de formation, parce que j’y crois, moi, au marché B, et qu’ils n’ont pas démérité” ! Et moi, croyant qu’il lisait dans mes pensées, de l’inviter illico à déjeuner.

Le vrai problème, il est là pour les entreprises encore petites (effectif de 10 à 50) qui ont du potentiel : c’est la flexibilité. Lever des fonds n’aurait pas résolu les problèmes de mon coloc : il aurait de l’argent pour… payer à 100% les 3 salariés alors que le marché B n’est pas parti dans la direction escomptée (inévitablement) et ne nécessite pour l’instant qu’1,5 équivalent temps plein ? Pour financer des locaux ? Alors qu’il est déjà rentable et que son souci n’est pas de payer un loyer mais de passer un temps infini à chercher et négocier, et surtout de s’engager pieds et poings liés dans un bail 3-6-9 ? Mon camarade coloc et moi, nous avons un problème permanent de flexibilité avec le code du travail et avec l’immobilier de bureaux. Pas avec les taxes, pas avec la simplification administrative, pas avec nos investisseurs. Nous, petites PME qui en veulent, nous voulons utiliser notre cash-flow ou l’argent levé pour attaquer le marché B, pas pour financer des charges dont la fixité découle directement des rigidités du marché de l’emploi ou de l’immobilier.

Le sujet étant d’importance (après tout, il lisait dans mes pensées), je l’invitai donc à déjeuner et nous convergeâmes rapidement sur quelques propositions concrètes afin de créer les conditions d’une vraie croissance, dans notre segment “PME de 10 à 50 pesonnes qui veut devenir ETI”.
1- Une formule de bail flexible avec une garantie de l’Etat pour le bailleur (comme pour les locataires particuliers),
2- Une réforme du droit du travail (auquel de toute façon plus personne ne comprend rien) : formule de CDI « flexible à temps plein » : CDI temps plein pour attirer les bons candidats, cadres ou non-cadres, assorti d’une période de flexibilité pendant les premiers 6, 12 ou 18 mois : péréquation des horaires ou jours travaillés pendant cette période et si le temps plein n’est pas atteint, un abondamment de l’Etat (sous forme d’Assedic, CICE, …).
3- Repenser la formation professionnelle : pour former un petit nouveau à vendre ou a produire sur son marché B, mon coloc ne va pas trouver un stage sur catalogue auprès d’un organisme qui ne comprend rien au besoin, mais il y investir personnellement du temps – en impliquant fortement l’intéressé et l’équipe en place. Et, en dépit des cotisations formation qu’il paie tous les ans, il ne percevra aucun retour sur cet effort, qui est pourtant la meilleure formation possible pour garantir un emploi pérenne.

On aura compris qu’il ne s’agit pas de remettre en cause la protection des salariés, mais plutôt de lever des freins à une décision lourde qu’est une embauche pour une “PME de 10 à 50 pesonnes qui veut devenir ETI”. Le principal problème de l’entreprise, qui s’est préparée à prendre des risques calculés, va être se confronter aux incertitudes opérationnelles inhérentes au lancement d’un nouveau business, et de pouvoir s’adapter immédiatement. Et ce n’est pas une baisse des charges sur les bas salaires, un pacte de compétitivité, ou un accord quinquennal Etat-Patronat qui vont y répondre pour permettre l’émergence des “champions de demain”, dont le principal problème n’est pas une baisse uniforme du coût du travail. Alors cher Gouvernement, faites-nous un choc de flexibilité !

Le monde d’avant Shannon

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En 1974, j’avais sept ans. C’est l’année ou mon père a ramené à la maison la première calculatrice de poche. En 1991, j’ai acheté mon premier PC. Il y a des années qui marquent.  En 1997, j’ai eu mon premier téléphone portable – c’était l’année de la naissance de ma fille, on peut dire qu’elle est née avec.

En 1974, on écoutait à la maison des disques microsillon, sur une chaîne avec un ampli Quad à lampes. On téléphonait avec un poste filaire avec un cadran rotatif. Dans les rues, il y avait des cabines pour ça, dans les bistrots, on demandait des jetons. On regardait la télé en fonction du programme. Pour voir un film, pas question de l’enregistrer, on devait aller au cinéma. Peu après, il y a eu un minitel, on ne savait pas où le poser dans la maison.

A la maison j’avais un labo photo, ou je développais et tirais longuement des photos argentiques, avec des produits brunâtres et malodorants, parfois seul, parfois accompagné dans une obscurité orangée. Il y avait beaucoup de ratés.

En 1974, les voitures avaient des phares jaunes à incandescence, et des vitres à manivelle. Dans la boîte à gants il y avait des gants, des cassettes, et des cartes routières. On pouvait se perdre sans se faire harceler par une voix synthétique. On tombait vraiment en panne, et on comprenait ce qui était cassé. On se faisait prendre en excès de vitesse par des policiers vivants qui n’avaient pas encore de casquettes.

En 1974, il y avait dans les entreprises des « pool dactylographiques » de femmes qui tapaient à la chaîne sur des IBM Selectric à boule (police Elite ou Courier), avec des doubles sur papier pelure avec une feuille de « carbone ».  Il y avait de l’ambiance. Il y avait des assistantes avec des parapheurs, les chefs signaient au stylo plume. On recevait des « télex » de l’autre bout du monde, c’était tout un cérémonial crépitant. On s’en sortait très bien sans modèles Excel.

En 1974, on pouvait fumer partout, même dans l’avion. Quand on prenait l’avion pour Toulon, on arrivait à l’aérogare, on montait dans l’avion direct, même sans papiers d’identité. Ni portiques ni ordinateurs à déballer – que personne n’avait. Pour avoir son billet, on passait à l’agence de voyages.

En 1974, j’avais sept ans : je commençais a penser par moi-même. En fait, on était plus tranquille. Pour faire des recherches scolaires je lisais des vrais livres, je réfléchissais. J’allais aussi à la bibliothèque.  J’appelais des copains au téléphone – en tombant d’abord sur les parents, on se présentait poliment en espérant ne pas déranger.

En 1974, 2014 c’était loin, même pour les futurologues. En 1974, je ne connaissais pas encore le théorème de Shannon : on n’avait pas encore numérisé à peu près tout. Je me disais que le monde était beau tel qu’il était : infiniment, analogiquement nuancé.

 

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The Internet of Things : l’homme éclaté

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Les fabricants de smartphone ont engagé une course à la puissance : processeurs plus rapides, connectivité accrue … Mais pourquoi au juste ?

Le téléphone, devenu smartphone,  était déjà devenu largement assez puissant pour ses usages stand-alone :  échanger par mail, chat ou réseaux sociaux, visionner une vidéo, jouer… Or Apple vient de doter son dernier modèle d’iPhone 5S d’un microprocesseur (A7) surcalibré pour ces usages.

C’est que le smartphone est en train de devenir un véritable serveur dans la poche en échangeant et en traitant en permanence des données avec les objets qui l’environnent ou avec d’autres serveurs, proches ou distants, voire situés dans le « cloud ». 

De plus en plus d’objets portés sur soi (montre, bracelet Nike, dispositif de suivi médical, vêtements intelligents, Google glasses …), ou placés dans l’environnement immédiat interagissent avec le smartphone : ce sont les objets connectés de la maison (alarme, porte, éclairage, chauffage, …) voire sur le trajet du porteur (accès au métro ou bus, péage routier, panneau publicitaire …). Les données renvoyées au smartphone sont traitées localement par une « app », voire renvoyées par le smartphone, over the air, vers un serveur plus puissant, ou vers… les objets eux-mêmes . Le smartphone devient à la fois unité centrale d’un ensemble de périphériques portables (« wearables ») et mini-serveur d’un réseau ce qui nécessite, au delà de ses fonctions propres de téléphone, de la puissance de communication, de traitement et de stockage.

Par exemple, vous prenez un café avant de rentrer chez vous : à l’approche du Starbuck’s, vous confirmez que vous prenez votre double-ginger-latte habituel, qui est prêt et prépayé lorsque vous parvenez au comptoir. Il fait froid : les fibres de votre blouson s’adaptent. En arrivant, la porte du garage s’ouvre devant votre voiture – enfin, à l’approche de votre smartphone situé dans votre poche. Vous êtes devant la porte d’entrée : la lumière s’allume dans le vestibule, votre thermostat Nest a déjà réchauffé le séjour et la cuisine 20 minutes avant votre arrivée, son serveur cloud ayant localisé votre smartphone progressant sur votre itinéraire habituel grâce à son GPS lorsque vous avez pris le chemin du retour il y a 20 minutes.

Bref, le smartphone coordonne tout un tas d’objets qui fonctionnaient jusqu’ici en stand-alone : une partie de vous-même est « augmentée », ou « déportée » vers votre environnement, et/ou vers des serveurs distants ! Poursuivons : la télé allumée, vous vous déplacez de pièce en pièce : le serveur domotique de la maison vous suit grâce au bluetooth – vous prenez un appel, il baisse le volume de la télévision automatiquement le temps de la communication. Votre compteur électrique intelligent vous signale sur le smartphone que (vos enfants n’étant pas là) vous avez consommé moins d’eau chaude que d’habitude, et vous demande de confirmer qu’il peut baisser le chauffe-eau. Et vous, quelle énergie avez-vous dépensé aujourd’hui? Un petit tour sur l’App associée à votre bracelet (Nike fuel-band)  vous l’indique. Vos invités semblent en retard? Vous êtes amis avec eux sur un réseau social qui reçoit leur localisation, et vous informe dans vos Google glasses de leur heure probable d’arrivée en fonction du trafic – lui-même calculé à distance en fonction de la densité et de la vitesse de la masse de téléphones se trouvant sur une portion de route donnée.

Le porteur est imbriqué dans un réseau de boucles de communication : le smartphone prend en charge des interactions du quotidien en interrogeant les objets environnants ou en recevant des indications déjà traitées depuis les serveurs auxquels ces objets sont connectés. Cela se fait proactivement en détectant un besoin local (ouvrir la porte, allumer la lumière, un vêtement qui s’adapte tout seul), un besoin distant (remonter le chauffage avant votre arrivée), un besoin habituel (votre Starbuck’s) ou ponctuel (baisser la télé lors d’un appel), soit en mode « pull » (à quelle heure arrivent mes invités?), ou en en mode « push » (le compteur intelligent vous demande l’autorisation de s’ajuster), voire sur demande (prendre une photo avec les Google glasses). Et même au delà : les algorithmes associés aux objets communicants vous pousse à adapter votre comportement, comme le fuel-band de Nike ou les pèse-personne et tensiomètres de Withings qui vient de lever 23,5 M€ (lire l’article CFNEWS).

A constater les start-ups et les levées de fonds qui fleurissent dans ce domaine, technologiquement, tout est prêt : le cloud et sa puissance de stockage et de processing, ca existe déjà. La puissance de calcul et la connectivité sont maintenant présents dans le téléphone. Les objets connectés le sont en permanence pour moins d’un euro par… an (lire dans CFNEWS « Sigfox se connecte à Intel Capital pour 10 M€, ou la cession de Cycleo) : ce ne sont alors plus des objets qui nous entourent, mais des objets-devenus-des-services. Le monde inanimé, platonicien, se transmute en un univers d’autant de services paramétrés, choisis, ou subis par l’homme « éclaté ».

Science fiction ? Non. Apple et Google (qui aménage à cet effet des barges géantes) travaillent sur des lieux connectés selon ces scénarios : maisons, boutiques, espaces culturels. Une gestion intelligente et globale de l’énergie est en marche : Linky d’EDF, l’offre Ijenko – qui a levé son 3ème tour… Et, le marché étant planétaire, les américains investissent en capital ou rachètent massivement les entreprises que je viens de citer.
Politique fiction ? Sûrement pas : si nos smartphones laissent des traces en continu sur les serveurs des fournisseurs d’un monde d’objets universellement connecté, vous – et moi – auront consenti, par simple confort et par facilité, à abandonner toute souveraineté sur nos données personnelles et notre « privacy » (mais c’est déjà fait) et sur … notre simple présence, où que ce soit.

 

 

 

Fonds Google d’aide à la presse : la double peine des éditeurs

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Le nouveau Fonds pour l’Innovation Numérique de la Presse (FINP), annoncé en février dernier, vient de voir le jour. Il met fin – pour une durée de trois ans – à la grogne croissante des éditeurs de presse contre Google, qui tire d’importants bénéfices de publicité ciblée en référençant sans contrepartie des extraits d’articles de journaux dans ses résultats de recherche et dans son service Google-Actus. Le désaccord a finalement été scellé entre la firme de Mountain View et et l’Association de la Presse d’Information Politique et Générale (IPG), par une dotation unique de 60 M€ au FINP, financée par Google, à investir sur 3 ans dans des projets « innovants » et représentant l’équivalent de 3 ans de dotations aux précédentes aides à la presse (FNPL) soit 20 M€ par an.

Ce sont les éditeurs allemands, rejoints par les italiens qui ont allumé la mèche à l’été 2012, face à l’hégémonie du géant américain – dont la part de marché de la recherche en ligne avoisine les 90% en Europe – et qui selon eux enrichit gratuitement aussi bien les résultats de recherche proposés aux internautes que les liens sponsorisés proposés aux annonceurs grâce aux contenus rédactionnels mis en ligne par les éditeurs sur leurs propres sites web. Or les sites des journaux peinent à trouver leur modèle économique : difficulté à mettre en place un « paywall », audience directe et recettes publicitaires insuffisantes voire cannibalisant celles de la version papier, et en face … Google, hypermarché de l’information qui propose en linéaire une grande variété de sources tout en en tirant bénéfice grâce à la publicité contextuelle proposée à l’internaute. C’est un peu la « double peine » de l’éditeur web : les titres de mes papiers sont accessible gratuitement (à côté de ceux de mes concurrents), mais mes recettes sont insuffisantes sur le web (150 M€ pour la presse quotidienne et magazine) et en par dessus le marché, pour les mettre en avant davantage, il faut que je rémunère… Google en achetant des mots-clé (1,2 Md€ de recettes pour Google en France). Ce que ce dernier avait parfaitement compris dès le début en commençant par indiquer officiellement aux éditeurs grognons qu’ils n’avaient pas à se plaindre puisqu’il leur apportait précisément… une part de trafic très importante (40 à 50%), trafic sans laquelle leur situation serait bien pire.

Entretemps,  la résistance des Européens s’organise (il semblerait que nous autres Européens avons une conception de la presse qui fait que nous sommes les seuls sur la planète à s’inquiéter du constat ci-dessus). Les allemands, déjà échaudés par le projet Google Books qui numérise leurs bibliothèques, commencent par étudier la possibilité d’un « droit voisin » au droit d’auteur, qui contraindrait Google à verser une rémunération aux éditeurs web en contrepartie du référencement dans son moteur de recherche, idée suivie très vite par la France. Sur quelles bases juridiques et modalités pratiques exactes, Google relevant du droit américain complètement différent en matière de propriété intellectuelle ? On ne sait pas et on ne voit pas très bien non plus, mais la France se rallie rapidement au concept du droit voisin, qui sert de prétexte à ouvrir rapidement la table des négociations.

Mais en coulisses et par la même occasion, les deux gouvernements traitent d’un autre sujet, économiquement bien plus gros : la taxation des profits de Google dans les pays où ils sont réalisés – et non pas au Luxembourg, en Irlande ou offshore via les mécanismes classiques de sociétés écran et de prix de transfert – sans compter le manque à gagner sur la TVA . Mécanismes légaux, dont Google n’a certes pas le monopole, mais l’occasion est trop belle pour le gouvernement, en quête de recettes fiscales, de faire passer un message de « bon comportement » à un géant américain qui ne déclare que… 138 M€ de chiffre d’affaires taxable en France, message appuyé de la menace d’une enquête de Bercy.

Très bien, dira-t-on, Mmes Filipetti et Pellerin ont donc signé pour trois ans cet accord « de portée mondiale » sous l’égide de M. Hollande, entre deux acteurs privés – Google et l’IPG -, accord qui se substitue au régime jusqu’ici plus égalitaire des aides publiques à la presse papier et web gérées par le ministère de la Culture avec la CPPAP – avec une économie de 20 M€ par an pour l’Etat à court terme, et qui permet à Google de sécuriser l’approvisionnement de son moteur de recherche en nouvelles fraîches, tout en échappant (pour l’instant) au mouvement citoyen de taxation locale des profits locaux, en enterrant la notion de droit voisin à l’échelle européenne, et en redorant son image de « partenaire volontaire » fournisseur de « solutions pour les éditeurs » (qui ne sont pas nouvelles).  Tout cela aussi alors que Google inaugure ses nouveaux locaux parisiens pourvoyeurs d’emploi. Un « accord » pour trois ans donc, mais pour quelle vision de long terme ?

Cependant, des voix discordantes se font déjà entendre – la presse libre et indépendante a du bon. D’abord, qui fait partie de l’IPG au juste, seul signataire de l’accord ? Les définitions sont éclatées entre l’article D19-2 du code des postes et communications électroniques pour l’éligibilité aux tarifs réservés à la presse (papier uniquement), l’art. 39 bis A du CGI (pour des provisions spécifiques fiscalement déductibles)  et l’article 9-2 du décret 2012-484 du 13 avril 2012 (portant réforme du régime des aides à la presse) – sans compter la nécessaire reconnaissance par la CPPAP. Quid par exemple de la presse professionnelle, ou spécialisée, ou de l’information locale, pourtant en plein développement aux USA (voir une précédente chronique : pourquoi Warren Buffett croit en la presse papier).

Ensuite, quid des acteurs de la presse, nombreux, qui sont des pure players internet (dont CFNEWS fait partie) ? Dans une prise de position assez radicale – qui est à saluer -, le Syndicat de la Presse indépendante d’Information en ligne (SPIIL) revendique que « Oui, Google devrait être imposé en France pour les activités commerciales qu’il y mène. Non, Google et les autres moteurs de recherche ne doivent pas être taxés pour que les montants collectés soient reversés aux éditeurs de presse, à la manière d’une subvention déguisée. » On distingue derrière cela le constat que les acteurs historiques de la presse, éditeurs de journaux papier, ont largement bénéficié depuis dix ans du régime étatique des aides à la presse (fonds SPEL) pour prendre, parfois à grand-peine, le virage des nouvelles technologies et reconvertir leurs outils (75% des aides accordées !) et leurs équipes rédactionnelles.

Troisièmement – et cela découle du point précédent, on constate qu’il a pénurie de véritables projets d’innovation dans les dossiers examinés par le SPEL jusqu’ici. Le « Fonds Google », réservé aux projets « web », recevra-t-il des dossiers de meilleure qualité, en souhaitant financer des projets « ayant pour objectif direct la création de nouvelles sources de revenus pour les éditeurs de presse en ligne et/ou la mise en place de nouveaux modèles économiques, notamment par la production de contenus éditoriaux innovants. » ? Et surtout, l’initiateur d’une véritable innovation répugnera peut-être à confier son dossier et son business plan pour examen non seulement aux représentants de Google présents au FINP, mais aussi à ses principaux et plus gros concurrents historiques (le Figaro, les Echos, Lagardère Active) qui y siègent aussi, et se tournera peut-être vers d’autres dispositifs : crédit d’impôt recherche, prêts ou interventions en fonds propres de la BPI, aides à l’innovation…  tous dispositifs existants que le gouvernement aurait peut-être aussi bien fait de renforcer pour la presse moyennant de bien légères adaptations. M. l’Editeur, vous avez dit double peine ?

La nouvelle économie de l’impression 3D

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Les imprimantes 3D arrivent chez les petites entreprises et chez les particuliers – en défrayant la chronique : on peut désormais fabriquer comme on imprime, à domicile et en temps réel, un objet en trois dimensions, avec tous les les côtés pratiques que l’on peut imaginer mais aussi tous les travers possibles comme – d’ores et déjà – un arme a feu.

Plus besoin donc d’un atelier, d’une usine, de machine-outils coûteuses et réservées aux industriels pour fabriquer, à partir d’un simple fichier informatique, un objet manufacturé. C’est une révolution à nos portes, pour les consommateurs d’un côté, les fabricants de l’autre mais aussi pour l’économie toute entière avec la disparition ou la ré-invention complètes de métiers ou de nos modes de vie. Exemples :

  • Une mise à disposition immédiate : une pièce cassée ? Plus besoin de courir les services après vente, rechercher la référence, attendre l’expédition ; plus besoin de supplier le réparateur de venir en sacrifiant une demi-journée  de RTT : en téléchargeant le fichier-plan sur le site du fabricant, vous avez la pièce quelques minutes ou quelques heures après chez vous.
  • Une personnalisation à l’infini directement chez le client : un fabricant met à disposition le plan de la pièce brute, et le consommateur choisit la personnalisation finale. Par exemple, téléchargez la forme d’un étui de smartphone et personnalisez-le … comme vous voulez, sans intermédiaire ni délai. Sans que le fabricant n’en soie forcément informé !
  • Une réduction drastique des inventaires et de la logistique pour les manufacturiers – à l’instar de la distribution des logiciels qui a vu en se dématérialisant disparaître les boîtes de CD d’installation. Ce qui veut dire, la chaîne de valeur se raccourcissant, que – tout comme la métamorphose de l’industrie musicale -la phase de création devient cruciale.

On avait déjà vu un pas timide dans le sens de la désintermédiation entre créateurs et clients comme MyFab ou l’Usine a Design (lire les articles CFNEWS), mais on fait ici un saut quantique : des métiers entiers vont donc en subir l’impact : réparateurs à domicile, livreurs et coursiers, … et notre mode de vie s’en trouver transformé :

  • Si n’importe qui peut reproduire sur son bureau en quelques minutes une clé d’appartement (en la scannant d’abord en 3D), que devient la sécurité au quotidien ? Comment les serruriers vont-ils réinventer leur métier ?
  • Quid de la contrefaçon ou de la propriété intellectuelle si les objets, au lieu d’être « achetés » sous la forme d’un fichier « authentique » auprès de leur créateur, sont piratés, dupliqués sans protection, ou frelatés ?
  • On a vu ces dernières années fleurir le débat puis l’échec des DRM dans l’industrie de la musique, qu’en sera-t-il pour les biens ?

Les acteurs du 3D printing sont déjà très convoités (lire dans CFNEWS les levées et cessions de Phenix Systems , Sulpteo , Phidias , …). Mais il reste au moins un secteur qui devrait échapper à cette révolution : l’alimentaire, qui ne devrait pas s' »imprimer » de sitôt, et les services. A suivre …

PS : une imprimante 3D, comment ca marche et combien ça coûte ? Voir cet article de C|net à l’occasion du CES 2013.

Retrouver aussi sur CFnews.net les précédentes chroniques Techno

Les 5 choses que devrait faire Jeff Bezos avec le Washington Post

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Le rachat de ce journal quasiment institutionnel par le milliardaire de l’e-commerce a fait couler beaucoup, beaucoup d’encre, digitale ou non. Ci-après un bon article de Jeff Ingram (publié sur GigaOM) sur les leviers qui pourraient permettre au Washington Post de se réinventer : .

Les 5 leviers :

  1. Fermer la (déclinante) version papier. Amazon sait ce qu’il fait sur le web, c’est prouvé.
  2. Intégrer les contenus du WP dans l’écosystème du Kindle : le parc de tablettes propriétaire est un support de diffusion… déjà fidélisé !
  3. Repenser le modèle publicitaire : plus de 4ème de couverture, de bandeaux sur le site du WP : plutôt une page d’accueil dédiée sur Kindle, des suggestions de lectures « publirédactionnelles » ciblées, …
  4. Leverager le système de recommandations contextuelles, qu’a quasiment inventé Jeff Bezos : « les lecteurs ont aussi aimé » (source d’innombrables blagues sur ce rachat)… mais aussi : « les annonceurs ont aussi aimé » ! Bref, une « smart, algorithm-driven curation ».
  5. Réimaginer le système de publication en ligne : plutôt que les Content Management System classiques de la presse en ligne, hiérarchisés et rubriqués, passer à un système décloisonné (dans le « Cloud » Amazon naturellement) à multiples entrées et clés de recherche.

Nul doute que Jeff Bezos est l’un des plus capables d’actionner ces leviers – ou d’autres auxquels il pensera avant l’auteur de ces lignes. Restent quelques points bien humains : le choc culturel de l’intégration, la résistance ou le départ des talents journalistiques… et surtout, l’appétence des lecteurs : mais le fondateur d’Amazon sait mieux que personne que la chose la plus importante à savoir sur un client/lecteur/abonné, c’est qu’au fond on ne sait rien de lui, ni de ses besoins futurs ! Et pour le savoir, la meilleure méthode – ce que sait parfaitement Amazon – est de démoyenniser contenus proposés et comportements de lecture. A suivre.